
Dans Okap la, la nouvelle sensation des réseaux Haitiens !
Tour à tour, tissé au fil des jeux, des enfants et adolescents, sans trop de lévitation, le bonheur s’exprime entre un son et des pas tressautés dans les recoins du Cap-Haitien. Schéma quelque peu coûteux en énergie, la jeunesse du rythme fait cardio et les plus intrépides ayant passé l’âge pourrait se blesser, en bon vieux non-rancunier, il vaut mieux s’asseoir, regarder et sourire dans la nostalgie.
Pivotant, la musique roule, sautille autant que les danseurs, ils sont chevronnés à la tâche si vite, si bien : » toup !toup ! Pizip pizip pizip ». Cette africanité profonde qui nous fait jouer des reins et des pieds heureux. Que disais-tu encore vieux docteur ? L’Haïtien est un peuple qui danse, si tu savais à quel point tu avais raison ! Par des moments, vous pouvez entendre « chire djòlay », vous pourriez croire à un appel à la violence, la justice populaire comme le bwa kale, il n’en est rien, c’est juste un appel amical à danser la KONDA. Les slogans ont fait tant de mal à ce pays qu’il faut en trembler à toute nouvelle métaphore des rues, heureusement pas cette fois.

Cette danse si tendance est avouée comme étant l’œuvre de deux jeunes écoliers vivant au Cap-Haïtien, dans un élan d’amusement, désireux de partager une joie, un geste pur, le geste est devenu contagieux, viral et emblématique. Par la belle habitude haïtienne, quand la marque est posée, les gens à faute de connaître le nom apposent l’étiquette, c’est donc à cause de cela qu’Emerson et Carl Juvensly se retrouvent appelés dans les rues « KONDA « . Deux frères unis dans une danse, âgés de 19 ans, respectivement en secondaire III et IV.
Aujourd’hui, ils arpentent les rues, heureux, pincés par les étincelles de satisfaction d’avoir conquis presque tout un pays par un acte positif. Encouragés à terminer leurs études secondaires, ils ne se laissent pas enivrer par le succès pour enterrer la plume et les cahiers. L’école compte autant que les projets et le talent. Ils continueront d’avancer de la manière la plus raisonnable que ce soit, car ils savent qu’ils sont nés dans un pays difficile où il ne suffit pas de conquérir les cœurs.

Ils espèrent bientôt enchaîner les contrats pour livrer leurs performances, les gens souhaitent qu’ils tiennent bon, qu’ils fassent preuve de patience, car ici-bas, tout va lentement. Il est possible de dire que malgré tout KONDA rivalise avec TINGUÉ. Comme disait le vieux docteur, pour ainsi dire Jean Price Mars, l’haïtien est un peuple qui danse quitte à dire le reste, l’important c’est de vous dire que nous savons danser.
Alandy BLAISE
