
Rallongement hâtif du boulevard, nettoyages de nombreux points clés de la ville, réunions sur les programmations. Les autorités régionales se mettent à la recherche du beau et du bon.

Depuis quelques jours le Cap-Haitien est mis en branle dans une course contre la montre, chantiers, ramassages, nettoyages, les autorités régionales semblent avoir comme par magie été épris du rêve christophien. Quitte à dire qu’à ce rythme-là, bientôt les capois marcheront sur du marbre. Casques jaunes, gilets verts, cônes à chaque bout de chemin, les visages ruisselants, la ville est un grand chantier à ciel ouvert. Et de cela, les capois sont heureux, d’heureux qu’ils sont, ils deviendront bientôt à nouveau orgueilleux et indomptables.

Les capois ont connu cette souffrance d’avoir les lèvresliées à chaque fois qu’un étranger lâchait : « Quelle saleté !». A chaque fois il fallait recourir dans le passé avant la destruction des trottoirs pour le système hydraulique financé par l’Espagne, avant la disparition du service de collecte des déchets, avant la cessation du curage des canalisations. Le Cap-Haitien était devenu une ville faite pour le soleil.
Le mal-être de la capitale haïtienne oblige dans une forme brute de désertion de nombreux à revenir à leurs racines campagnardes ou provinciales. Dans cette ruée, en plus des personnes, les symboles s’exilent et sans nul doute les boutades advenues du mal portauprincien font découvrir l’ultime nécessitéde la décentralisation.
Dans les jours qui viennent la deuxième ville d’Haïti aura àrecevoir une panoplie d’activités, de festivités et autres évènements dans la plus grande sérénité que peut promettre une province du nord du pays. Le Cap-Haitien devenu depuis quelques années le centre d’attraction et d’organisation des activités et festivités pour les foules. Attitrée comme étant la capitale historique et touristique d’Haïti, certains esprits ont cru qu’un complot de magnats de la capitale voulait la réduire sous les ordures pour nuire à son épanouissement et bien des fois des medias reconnus se sont exercés à en montrer les pires images. Et certains esprits encore dans leurs rêves les plus fous veulent le Cap-Haitien comme la capitale d’Haïti. Est-ce trop rêver ?

Cette fois, cette fois pour toutes les fois, les autoritésmunicipales atterrissent, l’incontournable Patrick AlMONOR est traversé d’un courant de bonne humeur prêt a mettre la main sous la charrue, la ville semble sentir la promesse de ne plus sombrer dans l’oubli, les fonds sont débloqués et c’est la bonne affaire, la belle affaire ! Mais la dernière maladie dont certains en avaient fait l’objet de leur combat, leur leitmotiv jusqu’à disparaitre au fond de quelques boites étatiques dans la capitale, cette revendication n’était autre que la disparition de l’électricité. Un enfant né en 2022 au Cap-Haitien risque de se demander àquoi servent les poteaux et les câbles sinon d’aides logis aux araignées.

Reconnaissant la résilience haïtienne, les capois dans leur débrouillardise marchent avec les habits repassés, leurstéléphones rechargés mais avec le chargeur au cou, grouillantdans les bars une bière chaude grimaçant devant leurs ordinateurs portables câbles et prises bataillant dans le sac à dos, des nombreux foyers dépendent du soleil ou du charbon, les écrans illuminent les nuits et quelques ampoules autonomes sans la crainte d’être dérobées par des mains sales. Les locaux de l’EDH ne ressemblent plus qu’à une vieille masure hantée,cachée sous quelques arbres où des riverains lancent des pierre pour manifester leur faim car les manguiers au moins euxrépondent encore à leurs besoins.

Malgré les départs, les démissions la Police Nationale tient la ville en haleine, faisant incessamment cette chasse à l’homme qui épure les cités même aux moments les plus sombres, les patrouilles ne cessent de rassurer dans le grincement des vieux « zo reken », dans nos prières nous demandons à ce que notre vivre-ensemble reste celui des mains amicales et désarmées . La vie est à son calme malgré que les citoyens subissent une strangulation à chaque hausse du dollar, à chaque retard de livraisons de services ou de produits de première nécessité. Pourtant la ville reste les bras ouverts et ne cesse d’accueillir les nouveaux visages. Les marchandes ambulantes nous passent les senteurs sous le nez, seule notre misère nous pousse vers ce doux chagrin heureux que d’être pauvre mais en vie et en sécurité.

Revenons au réel, sur ces travaux qui couteront 200 millions de gourdes, qui doivent mettre fin au chantier tant attendu d’un Boulevard du côté de l’Aéroport. Et indépendamment sont en cours la rénovation de l’Aéroport International du Cap-Haitien, les travaux du côté de l’Autorité Portuaire Nationale, tout d’un coup, tout à la fois, le Cap-Haitien rafle tout à lui tout seul et démontre son énorme potentiel. Ces petites avancées tant attendues additionnées feront sourire face au miroir. Le Cap-Haitien est mis sur son piédestal, les enchères commencent, le Cap est à vendre reste à savoir comment l’acheter ! Cette fin d’année 2024 appartient aux capois et au Cap-Haitien et comme dit le dicton : « Sa ki pou ou, menm lavalas paka potel ale ».
Alandy BLAISE

