PROPUBLIC SAM, 35 MILLIONS DE DOLLARS POUR METTRE FIN A L’INSALUBRITÉ DANS LE NORD.

Dans les bureaux de SAKAPFET OKAP le lundi 18 avril 2022, le Dr Joaneson LACOUR a donné un entretien pour présenter un projet de gestion, de traitement et de recyclage de déchets portant sur Cap-Haitien, Quartier-Morin et Limonade. Avec un budget compris entre 30 et 35 millions de dollars américain, porté par la société PROPUBLIC SAM, ce projet a une double visée de revaloriser les déchets et ramener la propreté des villes.

Dr Joaneson LACOUR

L’homme se doit d’être le gardien de la nature et non son propriétaire. (Philippe St Marc)

La protection et pérennisation de son milieu de vie est un facteur essentiel à la pérennisation de l’espèce humaine elle-même. Car protéger son environnement c’est se protéger soi-même. Aujourd’hui la planète est dans un état critique, on parle de réchauffement planétaire ou réchauffement global ou changements climatiques. Peu importe le nom qu’on veut bien lui attribuer, cela signifie que la planète part en vrille, un peu plus chaque jour. Et l’une des causes est une pollution à grande échelle. Etant la seule planète jusque-là habitable (pour nous autres humains) du système solaire, la planète Terre peut se passer de nous mais on ne peut pas se passer d’elle !

Pour Alain Gras, sociologue et professeur d’université, aujourd’hui la seule condition de survie réside dans l’établissement d’un rapport plus humble avec la planète. Si la pollution est un problème mondial, en Haïti c’est un élément du quotidien et c’est l’une des caractéristiques même du pays et de certaines villes, notamment le Cap-Haïtien. La fierté capoise coexiste aujourd’hui et depuis bien longtemps avec une ville sale aux odeurs pestilentielles. Le problème est néanmoins simple : il n’y a aucune infrastructure mise en œuvre par la Puissance Publique pour la gestion des déchets. On se contente de consommer et de vivre en parfaite harmonie avec les déchets que nous produisons.  

Si le problème est simple, la solution ne l’est pas. S’il n’y a aucune infrastructure étatique à cet effet c’est non seulement par le refus de l’Etat haïtien d’endosser entièrement sa responsabilité constitutionnelle de garant de la santé publique, mais aussi et surtout par son manque flagrant de moyens pour ce faire. Et c’est à cette situation que souhaite remédier Joaneson LACOUR directeur éxécutif du projet PROPUBLIC SAM, en attribuant une autre valeur aux déchets, disons mieux une valeur positive, tout en ramenant la propreté dans les villes, ce qui leur sera une plus-value.

Ingénieur Agronome, Docteur en Chimie de l’Environnement, professeur à l’Université Quisqueya, natif de Saint-Marc, Joanseon LACOUR n’est peut-être pas un moun Okap, mais le projet dont il est le nouveau et premier directeur financé par la Banque Interaméricaine de Développement (BID) le pousse à aller dans bien des endroits. D’où sa présence au Cap-Haïtien pour accorder cet interview à SAKAPFET Okap, le lundi 18 avril 2022.

PROPUBLIC SAM est avant tout une société anonyme mixte créée en 2020 avec un projet de gestion et traitement de déchets. Comme mentionné préalablement, ce projet est financé par la BID et détient bon nombre de partenaires tels que l’OGDNH, la Chambre du Commerce, les mairies du Cap-Haïtien, de Limonade et de Quartier-Morin, l’UTE du Ministère des Finances, l’UCP du Ministère de l’Intérieur, pour ne citer que ceux-là. Ce projet vise à offrir aux villes susmentionnées un cadre de salubrité et donner aux fatras une nouvelle ampleur dans la mesure où elle peut être une source de création d’emploi.

C’est un projet innovant, comme n’a eu le cesse de répéter le Directeur, tant par la présence d’une société anonyme mixte que par le cadre du projet lui-même. Parce qu’après SOIL dans son site Mouchinette à Limonade qui s’occupe d’un déchet en particulier, il n’y a aucune autre instance détenant les capacités techniques et d’absorption pour la maintenance d’un tel projet. Pas même l’Etat haïtien ! Est-ce pourquoi ils ont dû trouver un accord de don avec une banque internationale dont ils sont tenus de suivre les procédure et les politiques qu’elle définit.

Ayant déjà un conseil d’administration, PROPUBLIC SAM n’a pourtant pas encore d’administrateur à proprement parler. Ils en sont encore à la phase de recrutement et de formation de cadre. D’où la nécessité de travailler en étroite collaboration avec les universités dans un cadre de renforcement technique et professionnel. Parce que si c’est la première fois qu’on a ce niveau d’investissement en ce qui a trait à la salubrité, PROPUBLIC SAM se veut et se doit d’avoir un système de standard international pour aller vers la proprété des communes en offrant un cadre de vie saine par le ramassage, recyclage et la valorisation des déchets.

A travers ce projet, la société vise également à atténuer les impacts de l’insalubrité sur la santé de la population, notamment ceux qui vivent dans les cités. Comme dit le directeur : « Moun yo ap malad mwens, vil yo ap vin pi atraktif, se yon mouvman ekonomik paske yap depanse mwens kòb nan ale lopital epi sektè touristik la ap pwodui plis ! »

Naturellement, dans un pays comme Haïti où les déchets constituent depuis quelques décennies un phénomène social pour le moins normal, prétendre vouloir résoudre ce problème implique toute une gamme d’enjeux et de défis. Même si l’habitude est une seconde nature, même si la population est confortable dans l’insalubrité, elle ne serait néanmoins pas contre un renouveau, un changement décisif. Et justement, le directeur comprend la nécessité, la population est impatiente, la ville – quoique belle – est très sale et ne devrait pas l’être à ce point. Satisfaire la population est un défi, en plus des faiblesses institutionnelles du pays menaçant la composante publique du projet.

PROPUBLIC SAM est jeune comme institution. Ils n’ont pas encore de staff définitif parce qu’avec le niveau d’investissement estimé entre 30 à 35 millions de dollars américain  rien que pour la section Nord du pays, il leur incombe d’être méticuleux dans leur choix en vue d’avoir les meilleurs profils. Ils doivent mettre la barre très haut, car d’ici les 3 prochaines années, les résultats doivent déjà être concrets. La dignité et la fierté du Grand Nord sera restaurée dans la mesure où la solution à un problème national vienne du Nord.

En dépit de l’attente qui se fait sentir, le poids de la pression, la société ne se presse pas car elle ne veut pas reproduire les actes des autres acteurs publics qui ramassent les déchets pour les jeter autre part en détruisant ainsi un autre écosystème. Il faut un point d’évacuation ! PROPUBLIC SAM cherche donc des alternatives opérationnelles dans une démarche scientifique pour que d’ici 2-3 ans, les infrastructures soient à point en vue de lancer les activités de gestion et de traitement des déchets dans les méthodes requises par la discipline. Et de là, combler l’attente du public.

Dr Joaneson LACOUR

Dr LACOUR est confiant et déterminé. Parce qu’il croit que les villes du Cap-Haïtien, Quartier Morin et Limonade peuvent être belles et prospères. Il croit en leur potentiel touristique et économique. Il croit que ce projet, en plus d’apporter la propreté et un assainissement durable, peut redorer le blason de fierté et de la dignité des gens du Nord. Et il est d’autant plus conscient que la communication doit être son cheval de bataille, de là, il compte présenter le projet ce vendredi 22 avril 2022 à l’Hostellerie Roi Henry Christophe (Rue 24 B) pour que les acteurs publics et privés puissent savoir ce que PROPUBLIC SAM propose.

Réduire considérablement la quantité de déchets causant la pollution de la nature c’est offrir à la nature la possibilité de s’émerveiller, de nous émerveiller et de nous offrir des merveilles. PROPUBLIC SAM fait le premier pas et donne le ton. A nous de saisir le rythme.

CHARLES D. R. Markly

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