Rêves face aux réalités, dur combat ; rêves face à la réalité haïtienne, combat de spartiate.

À l’auditorium Oswald Durand, dans l’enceinte du Collège Bell Angelot, rue 18 I du Cap-Haitien quelques centaines de jeunes se sont rendus à une conférence sur l’orientation professionnelle dans la date du 20 Décembre 2021. Organisée par l’Université des Atlantes d’Haïti, des astuces ont été proposées aux jeunes pour s’épanouir sur le marché du travail haïtien, par Bell Angelot, Adrian Duran, Guesly Michel, Dorvil Etienne, Youseline Bell, Marc Alain Boucicault, Angie Bell etc…


Je veux devenir astronaute ! Que direz-vous à un enfant haïtien qui profère cette phrase ? Trouver sa voie professionnelle ne suppose certainement pas trouver sa passion mais le sait-il déjà ? Drôle de petit pays au fond de l’Amérique, Haïti ne sait si elle doit aller vers le Sud accueillant mais souffrant ou vers le Nord riche mais froid dans le corps comme dans l’âme. Cela fait quelque peu plus de deux siècles d’histoire menées par l’instabilité sociale, politique et économique et dans ce labyrinthe où la marche lente longue dans le noir dérange, des milliers d’artisans, de jeunes, de « degajè » n’ont cessé de se plonger dans le formel comme l’informel, entre jongleries et acrobaties, ils voient leur part de lumière par intermittences avant de replonger à chaque fois dans l’ombre.
À l’Université des Atlantes d’Haïti, une conférence sur l’orientation professionnelle, attitré, COMMENT TROUVER SA VOIE PROFESSIONNNELLE, bien sûr, le sous-entendu en Haïti fait écho dans tous les esprits. Douze visages, douze personnalités, sur quatre heures pour raconter leurs expériences, donner une direction aux jeunes qui ont été amenés par leurs inquiétudes et leur foi en un avenir encore difficile à dessiner.

Cessez d’être pessimistes ! Aux dires de Me Dorvil Étienne, pourtant le comble des problèmes liés entre la société, la culture, les conflits entre parents et leurs jeunes (nous sommes tous habitués à cette majorité adulte qui ne compte que trois métiers sur leurs doigts ; médecine, avocat, ingénieur). C’est toujours l’interminable défection des talents face aux études, les petits commerces à l’école, le mépris des tendances et la dévalorisation des métiers manuels. Et nous, les intellectuels, nous sommes condamnés à faire appels aux étrangers pour les travaux techniques.
Me Bell Angelot a soutenu : « le métier manuel n’est pas une contradiction avec les études universitaires ». Il a surtout profité pour raconter ses expériences à l’étranger surtout en Angleterre ou les métiers manuels sont enseignés dès la primaire. Ceci donne une capacité de débrouillardise plus élevée aux jeunes anglais. Les métiers manuels sont pour dire déjà enfermés dans une pensée voulant que ce soit une catégorie de métiers faits pour ceux qui se révèlent inaptes à l’école, ce serait le métier des sots.

Marc Alain Boucicaut raconte son histoire de jeune qui imbut de ses capacités mathématiques s’est cherché entre la Faculté des Sciences et le Centre Technique de Planification et d’Économie Appliquée : « Apprenez à aimer vos choix sinon vous le regretterez ». Comment aimer son choix parfois dans un pays où les options que les universités privées et publiques sont aussi restreintes que le menu d’une marchande de restaurant en plein air ? Devenu entrepreneur social après une expérience à la Banque Mondiale Marc avoue : « Je suis devenu entrepreneur pour devenir plus proche des gens, de ma communauté et pour être le plus proche de ce changement que je désire voir ».
Tous les domaines sont des mondes ouverts où vous pouvez vous investir et prendre le terrain.
Guesly Michel

Guesly Michel à l’assaut sur le thème de la psychologie et les sciences de l’éducation. 35 années de vie, psychologue communautaire, Guesly raconte en deux-deux l’incompréhension de sa mère institutrice de ce qu’est la psychologie qu’elle souffrait même de bien prononcer : « Je pensais pouvoir être ingénieur mais, vers ma classe de philosophie pour mieux dire de terminale, j’ai vécu une expérience qui m’a fait penser qu’il serait mieux d’apprendre une science me permettant de comprendre les gens ». Sans oublier l’anecdote de sa première et unique moyenne 3 qu’il a eu à la Faculté des Sciences, il est entré à la Faculté des Sciences Humaines. Aujourd’hui, après ses différentes expériences de travail depuis Mirebalais, Guesly Michel s’affirme en créant le premier centre de santé mentale du département du Nord.
Pas d’éducation sans psychologie sinon l’éducation se révèlera être une passoire.
Mme Youseline Bell

La doyenne Youseline Bell a traversé les contrées, le temps et les études. Dactylographie, gestion, administration, économie, sciences juridiques et psychologie. Madame Bell est un avatar. À la recherche d’elle-même toute une vie dans une période où l’orientation professionnelle manquait, madame a fini par se consacrer à l’éducation : « l’orientation professionnelle est tellement importante que c’est devenu une profession, un domaine à part nommé le coaching ». Il faut toujours remarquer les prédispositions de l’aptitude et l’attitude, connaître les types d’intelligence que nous avons et se diriger vers le métier, la vocation qui nous ressemble le plus.
Les sciences de l’éducation et la psychologie, ont de lien ; la mise en branle de la pensée, de la mémoire, du cognitif, l’intelligence et le développement de la personne.
Angie Bell est venue en renfort pour parler marketing et entreprenariat dans un monde dominé de plus en plus par l’image, le numérique, les réseaux sociaux. Le monde du 21e siècle est un monde ou contrairement au dicton qui dit : « A bon vin, point d’enseigne » il faut aujourd’hui se montrer, pire s’exhiber dans la totalité. Il faut à tout prix se familiariser au public et le résultat d’une bonne stratégie de marketing c’est l’inévitable écoulement des produits car la vérité se retrouve dans les chiffres.

Adrian Durand lui par contre a raconté ses diverses expériences dans l’hôtellerie et la restauration dans l’Ouest. À l’Hôtel Indigo devenu par la suite Decameron, rentré au Cap-Haitien il fréquente presque tous nos complexes hôteliers ; Villa Cana, Hôtel Imperial et autres. Depuis quelques années, il a ouvert dans un mélange de blanc et de noir ; Cap Deli, une figurine de gloire lumineuse qui se loge sur le Boulevard du Cap-Haitien a la rue 24 B. Adrian soutient surtout un passé de beauté, de fièvre touristique dans le pays : « Vers 2009 Haïti était vraiment un beau pays. À Indigo on accueillait beaucoup de touristes. J’ai vécu une autre Haïti ».
Mon père ne cessait de me reprocher mon amour des mathématiques et mon désintéressement pour ce qui était si important à l’homme qu’il était ; la littérature, la poésie, l’histoire et la philosophie.
Marc Alain Boucicault
Terminée tard dans la nuit, cette séance aura marqué de nombreux jeunes qui comprendront que leur combat est identique aux combats des générations d’avant. La même incompréhension, le même pays mais un monde changeant à une vitesse incontrôlable. Les métiers ne sont pas une question de salaires, ce serait faire science sans conscience mais rien n’est mieux que de créer sa propre machine bien mieux que de saisir des opportunités à travers des offres d’emplois. Haïti a besoin de toute notre créativité, de toute notre fougue et l’Université des Atlantes d’Haïti a apporté sa touche à la vie capoise.






































Alandy BLAISE