En prélude à la troisième édition du Sommet Annuel des Droits Humains organisé par l’association Centre Impact, qui se tient ordinairement en décembre ; s’est tenu en ce début du mois de juin, une journée de trois (3) conférences pour annoncer l’événement phare des Droits Humains dans la région du grand Nord, voire du pays. Centre Impact a mis l’accent sur les droits civils et politiques ; avec treize (13) panélistes et environ trois cent (300) participants, ce pour le bonheur de plus d’uns.

Encore une fois, le rendez-vous a été donné à l’ancienne prison, devenue le Centre Culturel Jacques Stephen Alexis, à la rue 21 P. Parler de droits humains dans l’ancienne grande prison, quel message ! Entre nous, il faut dire que le Centre Culturel demande d’être plus représentable.
Pour cette édition, il n’y avait que trois panels. Dans le premier panel, pour débattre sur la thématique, « jeunesse et intégration politique » ont répondu présent : Pascal Adrien : responsable du mouvement Transparence « Toutouni », Muchi Obas : psychologue et responsable de mouvement, Patrick Almonor : maire-adjoint, David Toussaint : directeur départemental du ministère de la Culture et de la Communication et le modérateur du panel Blaise Alandy étudiant en Sciences Politiques et membre de OPL.

Le ton est donné, la jeunesse est utilisée pour servir des fins personnelles sans même penser, à vraiment l’intégrer dans la vie politique. Est revenu sur la table, ce problème qui ne manque pas de toucher la sensibilité intellectuelle et professionnelle : notre société est prisonnière d’un système empirique. C’est plus qu’une évidence, le monopole est détenu par le deuxième et le troisième âge. Croyez-le ou non, ils ne sont pas prêts de lâcher le morceau.
À Pascal de nous raconter une petite anecdote illustrant ce fait. « À l’âge de 26 ans, j’étais chef de cabinet de Youri Latortue, président de Sénat à l‘époque. J’avais convoqué une rencontre avec le cabinet. J’ai été surpris par la question d’un des membres à propos de mon âge. Après lui avoir répondu, il m’a fait cette insidieuse proposition. Comme tu es jeune, disait-il, nous pensons qu’il serait juste que tu laisses la direction du cabinet pour trois mois à une personne plus expérimentée. Durant cette période, tu apprendras de lui et nous verrons comment te confier cette tâche à l’avenir. » Cela s’est passé, il y a environ 6 ans, mais la blessure de cet affront semble être encore bien récente pour Pascal. Tout cela montre ô combien, il est important de trouver LA ou les méthodes nécessaires afin de pouvoir transmettre et intégrer la jeunesse dans ce cercle restreint qu’est la politique haïtienne.
Si les interventions de Pascal Adrien, Patrick Almonor et David Toussaint étaient centrées de façon plus générale sur les possibilités et les chances à donner au niveau politique, économique etc… Mutchi Obas, quant à elle, s’est accentuée un peu plus sur les jeunes filles et leur implication. Ayant abordé la question d’abord du point de vue social, nous pouvons lire entre les lignes que c’est une question d’éducation entre autres. Comment concevoir que des jeunes filles, que ce soit dans les « atè plat », « ti sourit » ou, « car wash », se déhanchent, sur un morceau qui dénigre la femme et manque totalement de respect à sa dignité ? La question d’éducation de conscience n’est pas exclue non plus. L’éducation de nos jeunes et surtout de nos filles est vraiment à repenser.

Le deuxième panel était composé du docteur en droit Louis Naud Pierre, membre du comité consultatif indépendant, de Maitre Hérode Charnel, Avocat et recteur d’université autour de la thématique « régulation social » (constitution et référendum) avec pour chef de panel Clarens Lindor: professeur au Campus Henry Christophe de Limonade.
Parler de constitution et de référendum est devenu tellement à la mode de nos jours ! Même si d’aucuns ne savent de quoi il en retourne, mais comme pour s’exprimer, on s’y met. Si la nécessité se fait sentir pour une nouvelle constitution, Mr Hérode lui pense qu’il faudrait d’abord appliquer celle qui régit le fonctionnement de la société.
Certes, le référendum n’est pas la meilleure des solutions et la violence pour l’empêcher encore moins. En aparté, la réflexion est faite que c’est l’imminence du OUI qui suscite tant l’aigreur et la colère du côté de ceux qui s’y opposent. L’ombre des jours sombres n’a cessé de s’étendre, malheureusement, chacun essaie de tirer profit de la situation, ce au détriment du peuple, de la masse sous-éduquée utilisée à tort et à travers, des jeunes à qui la lune est promise, mais qui n’obtiennent que vent. Alors pas étonnant que nous ayons sur les bras tant de chef de gang.
Le troisième panel, lui, était spécial. A-t-on gardé le meilleur pour la fin ? Là, il y a matière à question. Si certains étaient plus enclins à assister aux deux premières causeries, la troisième leur était vide de sens. Notons, que la question du genre est toujours sujet à discussion. La preuve, les interactions du dernier panel. Composé de mademoiselle Novia Augustin: responsable d’une Fédération de femme qui s’étend sur tout le territoire, et de Sandya Marcelin: activiste, vodouisante; le panel dirigé par Dugué Piterson, étudiant à l’URH avait pour thème « l’intégration politique de la femme ».

Dès la première intervention, on avait l’impression de danser un ibo frénétique. Novia s’est lancée, et même à Mack 95 Iron-man, n’aurait pas pu la rattraper. Les femmes en grande majorité dans l’assistance se retrouvaient dans ces propos. Ne manquaient-elles pas d’applaudir. Il semble que cela soit révoltant, le fait que les femmes refusent de s’intégrer. Avec intelligence, elle a souligné ce fait que d’aucuns passent souvent sous silence. Les points d’accès aux postes décisionnels sont fermés aux femmes. Et la faute à qui ? Vu que nous évoluons dans une société patriarcale et à forte tendance machiste, la question ne se pose pas.
Pour ceux qui assistaient, le temps des questions était pour eux l’occasion de se défouler et montrer que machiste un jour, ils le seront toujours. Mais heureusement vers la fin, des interventions, un peu neutre quoique faites au nom d’une conviction, ont donné une tout autre couleur à la causerie.
Tout cela mis à part il est à signaler que les femmes du deuxième âge étaient fortement représentées. C’est à se demander, existe-t-il de l’espoir pour qu’une relève soit assurée vue que les jeunes filles se désintéressent à ce genre d’activité ? Il n’y a pas eu beaucoup de jeunes gens présents non plus. Peut-être les cours du samedi en portent-ils la responsabilité.

Malgré tout, il ne faut pas cesser de multiplier ce genre d’activité qui vise à instruire et éduquer. Par contre, il ne faut pas se perdre dans une rivière de palabres et laisser l’action de côté.
Si la politique en Haïti est en dilemme, ce n’est pas une raison pour s’y désintéresser. Au contraire, il faut mettre tout en œuvre pour que toutes les couches de la société s’y impliquent. Car le problème haïtien ne saurait être résolu que par les Haïtiens. ‘’Annou pa bliye, nou tout konsène.’’
Alors, rendez au prochain Sommet pour de nouveaux débats plus accrochant.

Brooz Saintil
Frère Raté
Map swete nou bon succès….
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